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Le fleuve

" Nous avons peint le fleuve

De la construction des goélettes…. Au capelan qui roule.

Des enfants sautant de flaque en flaque, arpentant, à marée basse

Celle qui s’est retirée, dévoilant les trésors marins qui feront le butin des petits moussaillons…

Puis cette muraille si particulière,

Découpé ainsi pendant une certaine aire glacière."

Le fleuve.jpg

Thématique de la classe de 5e et 6e de Valérie

Images inspirantes :

SE FAIRE  ADOPTER PAR UN FLEUVE

Telle une louve blessée

Auprès de ce grand fleuve escarpé

Un refuge j’ai trouvé

 

Je panse mes plaies...

 

Enfoncée dans la vase

Le nez empli d’effluves iodés               

De petites crevettes curieuses

Auscultent mes pieds

 

J’emplis mes poumons de pages blanches

Effaçant ainsi le tableau noir

Je reprogramme la matrice

Caché derrière mes yeux tristes

 

Mes larmes salées rejoignent

La masse aqueuse

Le ventre de Magtogoek m’avale

Et je renais  de son ressac

 

Mon  fleuve est grave,

Accentué d’épinettes noires

Escarpé, meublé de rochers épars

Qui semble surgir du sol, du ciel

Comme si la Terre avait tremblé

 

Ponctué d’îlets hostiles,

Et de grèves inhospitalières

Magtogoek tu es peint de noir,

De gris et de teintes sévères

 

Pour l’heure tout est calme

Tes goélands  piaillent et jettent des crabes sur les rochers

Leurs cris m’amènent ailleurs

 

J’entre en une transe

Avec toi je danse

La muraille m’enlace

De ses bras boucliers

 

Mes pieds s’enfoncent dans ta chair d’argile

Tu engloutis la part de moi fragile

Je caresse la fleur de ton eau

Tes jardins marins se dévoilent

Alors que tu arrives à l’étale

 

Un grand héron en impose

Sur ce bloc de granit

Tombée  du zénith

Il s’étire…et fait la pause.

 

Je ne suis pas une touriste

Comme ces autres géants qui embrassent la plage

Pilasse le fond et kidnappe des cailloux 

 

Je suis des vôtres

Ici que je me sens être la fille de quelqu’un

 

Je suis ce Roch détaché de la muraille

Je suis cette baleine soufflant ses entrailles

Je suis cette algue qui ballote au gré du courant

Je suis ce héron droit et solennel

Ici, les pieds dans la vase

Se déploient mes racines.

 

Puis l’eau se retire doucement

Ruisselant entre les cailloux luisants

A l’étale, la masse aqueuse se fixe l’espace d’un instant

Laissant l’estran nu, dévêtu de sa robe de mue

Ouvrant son cœur

Exposant son intérieur

Sans pudeur

 

Devant tant de beauté

Je ne peux qu’être émue...

Caroline Jacques

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